Gérard Collomb, président du Grand Lyon, et Michel Mercier, président du Conseil général du Rhône en 2009 ©Philippe Juste/Maxppp
Une conférence de presse commune, Grand Lyon et département du Rhône, dans les salons ouatés d’un hôtel de la Confluence. Michel Mercier, président du conseil général et chef de l’UDI local, est bien content d’être à côté du chef du PS local mais il tient à être clair, il ne veut pas que l’on parle de la fin du département :
« Je suis fier de participer à la création de cette métropole : cela aura des conséquences sur le département, ce ne sera plus le même, c’est évident. Mais je vous montrerai qu’il restera viable, il aura plus d’habitants que la Savoie, il y aura toujours de la vie économique, culturelle, il y aura encore 35 collèges. »
Pour lui comme pour Gérard Collomb, la métropole doit faire jouer Lyon et les communes attenantes dans la cour d’homologues européennes. La veille de cette conférence de presse, ils ont pu s’entretenir avec François Hollande et Jean-Marc Ayrault en déplacement officiel à Lyon pour le sommet franco-italien. A cette occasion, le président de la République et le premier ministre ont donc validé l’idée que Lyon devienne la première véritable métropole en France, dans le cadre du projet de loi sur la décentralisation, que présentera Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’Etat, en juin 2013.
« Ce sera une loi pour Lyon, et les autres villes pourront suivre si elles le veulent », a lancé Michel Mercier, assez satisfait du travail de lobby réalisé main dans la main avec Gérard Collomb auprès du gouvernement au profit de Lyon.
Des échanges de bons procédés entre gens de bonne volonté
Mais en acceptant ce nouveau découpage, le président du département perd donc la main sur un territoire économique relativement dynamique, le Grand Lyon, et devra par conséquent lui céder ses compétences.
La métropole existera en 2014, au lendemain des élections municipales, que Gérard Collomb, en pôle position, « espère gagner ». Les habitants de chaque commune du Grand Lyon auront à élire leur maire, comme partout en France en 2014. Mais les listes que les différents partis leur présenteront auront la particularité d’afficher des noms de candidats « fléchés ». Ceux-là, s’ils gagnent le scrutin municipal, seront élus à la métropole.
Gérard Collomb pourrait donc se tailler la part du lion avec ce projet de décentralisation. Ce qui l’a fait remercier chaleureusement Michel Mercier, qu’il félicite de parvenir à marcher à contresens de « la grande pente naturelle qui veut que l’on garde chez soi ce que l’on a déjà ».
Michel Mercier n’est pourtant pas homme à ne pas trouver avantage d’un montage politique. L’ex-maire de Thizy (Beaujolais), s’il est d’une certaine manière grand seigneur dans cet accord, va par le même temps assoir sa position à la tête du Département. Le territoire qu’il conserve lui est favorable électoralement (les prochaines élections cantonales auront lieu en 2015).
L’ancien Garde des sceaux et le maire de Lyon semblent donc s’être entendus pour que chacun y trouve son compte. Les habitants du Grand Lyon également, au passage. Le projet de décentralisation a en effet pour but de moderniser la carte des collectivités en la faisant correspondre à la réalité socio-économique du territoire, elle doit ôter « l’une des couches du millefeuille administratif ».
Gérard Collomb y voit un grand intérêt pour eux, qui trouveront au sein de la même administration des informations, pour exemple, sur le logement social (le Grand Lyon étant bailleur social) et la réinsertion sociale (qui est actuellement l’une des compétences du département).
Le Grand Stade, le musée des Confluences, l’entraide
Entre les deux élus, c’est une affaire qui roule. Quelques jours avant la présentation du projet d’euro-métropole, Michel Mercier donnait un sérieux coup de main à Gérard Collomb sur le dossier que le maire de Lyon voudrait finir par purger un jour, celui du Grand Stade à Décines. Le président du département faisait voter par ses conseillers généraux une garantie d’emprunts à hauteur de 40 millions d’euros, permettant de débloquer une partie du financement d’OL land.
Avec la perspective du transfert de compétences du Département vers la métropole, Michel Mercier verra aussi partir un dossier qui pèse lourd dans son escarcelle, celui du musée des Confluences, éternel chantier, toujours plus coûteux. Ce mardi matin, il a assuré qu’il donnerait en effet l’infrastructure à Lyon et à Gérard Collomb, mais « payée ». Sur un ton qui est propre à l’ancien ministre, c’est à dire qui ne prête pas à la discussion.
Formant un couple en parfaite harmonie, Gérard Collomb et Michel Mercier ont fonctionné de façon discrète, sans plus de communication auprès de leurs propres élus. Le maire a reçu les socialistes lundi soir, et Michel Mercier a déjeuné avec l’ensemble des élus de son hémicycle ce mardi, juste après la conférence de presse, pour faire le point avec eux. Les plaçant devant le fait accompli.
Éviter la lenteur de la discussion
Ce mardi matin, Pierre Hémon, élu écologiste au Grand Lyon et acteur de la future liste autonome qu’Europe Ecologie Les Verts (EELV) risque de lancer face à Gérard Collomb pour les municipales a, selon ses propres termes, « mis un pied dans la porte » pour assister à la conférence de presse. Pour lui, ce n’est pas tant le projet d’euro-métropole qui pose problème, mais le fait de ne pas concerter les élus pendant son élaboration :
« Un projet d’euro-métropole mérite un débat démocratique, de la transparence. Dans euro-métropole, il y a Europe, cela concerne tout le monde. »
L’heure de cette étape est désormais passée. Ni Gérard Collomb ni Michel Mercier, qui n’ont « pas envie que le projet prenne dix ans », n’ont l’intention de revenir dessus.
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